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Article paru dans “L’Est Républicain”, 20 mars 2002:

Alain Dieu, facteur de clavecins

A Vaudrivillers, l'homme acheve un instrument pour le conservatoire de musique de Lausanne.

 

BESANÇON   Dans son atelier de Vaudrivillers, Alain Dieu, 52 ans, n’as pas envie de parler tout de suite. L’homme doit encore poser deux cordes sur le clavecin qu'il est en train de fabriquer pour le conservatoire de musique de Lausanne.. Vous savez, « mon métier c’est de faire du son » , annonce-t-il. Grand silence, l'homme travaille.

Vingt minutes plus tard, les cordes sont posées. Visiblement Alain Dieu est heureux. L’oeuvre qu'il a créée est bientôt finie. Après un travail immense. « Franchement, je me peux pas dire combien d'heures j'ai passé sur cet instrument.»

Alain Dieu est facteur de clavecins et d'orgues. Un métier, une passion. Un parcours aussi. Même si l'homme parle peu de son passé. « J'ai fait des études techniques, en fabrication mécanique. En fait, j'avais tout pour aller travailler, chez Peugeot. »  Il n'en fut rien. Passionné de musique, Alain Dieu se trouve cette vocation, véritable « liaison entre l’art et la technique. Il n'en dira pas plus. Pourtant, son curriculum est pour le moins révélateur Alain Dieu fut formé chez Gonzales à Paris, avant de poursuivre son initiation auprès de Rudolf von Beckerath à Hambourg. Ni plus ni moins.

Un poil de sanglier

Puis ce fut un premier atelier dans un Ancien presbytère du Doubs.Vint enfin l'installation a Vaudrivillers. « C’est le quinzième clavecin qui je fais pour la Suisse », reprend Alain Dieu, qui s'est spécialisé dans la fabrication d'instruments d’inspiration française et flamande du XVIIe et XVIIIe. Celui-ci est un prototype. Le travail fut le même que pour les autres. J’ai d'abord passé de nombreuses heures sur un table de dessin pour faire les plans d’échelle réelle. Puis vient la phase de fabrication: la caisse tout d'abord. J’utilise un dizaine de bois, du peuplier a t'ébène en passant par l’épicéa… » Après la caisse viennent les claviers, la table d'harmonie. Et beaucoup de secrets de fabrication. Petit exemple avec les sautereaux, languettes qui servent a pincer les cordes du clavecin: le ressort qui est à l'intérieur est en fait un poil de sanglier.

Le clavecin réalisé, il s'agit de l'ornez Cette fois-ci, Alain Dieu a choisi le parti pris d'une peinture A l'huile avec fond à la craie et encollage a la colle de peau de lapin. Le vernis quant à lui est au tampon. Et 85 feuilles d'or ont permis d'offrir une touche de majesté

Un organetto

Huile ancienne et or. Le clavecin destiné au conservatoire de Lausanne est une pièce unique. Une pièce unique qui a son prix. Mais Alain Dieu ne veut pas parler d'argent. « Dans notre milieu, il n'y a que des passionnés. Des gens qui font des choix. Certains ont une belle automobile, d'autres préfèrent s'offrir un instrument de musique d’exception ».

Alors surtout ne pas bouder son plaisir. C’est avec amour qu'Alain Dieu termine le clavecin. « C'est vrai quo j'aurai un petit pincement au coeur au moment où je devrais tn'en séparer… »

Le facteur pense déjà a une prochaine aventure. «Je vais fabriquer un organetto, un instrument qu'on ne fait plus depuis le XVe siècle. C’est une commande d'un musicien passionné »

D'ores et déjà, les plans sont prêts. Et le bois précieux sélectionné. 

Eric Daviatte.

 

 

Alain DIEU, Saint-Hilaire (Doubs) puis Vaudrivillers (Doubs) Connu et apprécié pour l'excellence de ses clavecins, Alain Dieu (*1950) s'adonne également à la facture d'orgues. Formé chez Gonzales à Paris, il poursuit son initiation auprès de Rudolf von Beckerath à Hambourg. Défenseur d'un artisanat authentique, Alain Dieu se forge peu à peu une personnalité originale au sein du monde organistique. En 1992, il quitte son gracieux presbytère de Saint-Hilaire pour établir ses quartiers à Vaudrivillers.

L’harmonisation de ses instruments, Alain Dieu la confie à son ami Jean-Marie Tricoteaux; né à Rouen en 1948, ce dernier a travaillé une dizaine d'années chez Schwenkedel à Strasbourg, tout en suivant les cours d'orgue dispensés par le Conservatoire de cette ville. En 1977, M. Tricoteaux est devenu l'harmoniste attitré de la Manufacture de Felsberg (GR).